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Quelques réalités sur l’envoutement.

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Quelques réalités sur l’envoutement. Empty Quelques réalités sur l’envoutement.

Message par Gaiya Ven 20 Aoû - 16:46

Quelques réalités sur l'envoutement.

Par Djohar Si Ahmed, psychologue


« Je désirais attirer particulièrement l’attention d’autres analystes sur la faculté que nous avons d’éviter, d’ « oublier » certaines observations importantes et, tout au moins, un concept majeur de Freud que, pendant des années, nous avons considéré comme un squelette dans un placard. Et ce squelette cliquette encore. » (Dennis Farrell, cité dans « Parapsychologie et psychanalyse, p. 77)

Djohar Si Ahmed est Docteur en Psychologie, psychanalyste, auteur d’une thèse de Doctorat « Phénomènes télépathiques et fonctionnement psychique » (Paris X, Nanterre, 1980), auteur d’un ouvrage « Parapsychologie et psychanalyse » (1990 ; Dunod), et avec E. S. Mercier « Expérience autour d’un miroir » (Ed. JM). Elle a participé au collectif « La Mort Transfigurée » (1992 ; Ed Belfond), et fondé le Centre de recherche et d’enseignement sur les « Champs limites de la psyché ». Invitée de l’émission de Marc Menant sur Europe 1 le 10/10/1999, Djohar Si Ahmed nous livre ici son éclairage sur des expériences qui font l’objet de nombreux préjugées et à propos desquelles son expérience de clinicienne ouverte au « paranormal » est exemplaire.

ENVOÛTEMENT, MAGIE ET SORCELLERIE

Avant donc de me lancer dans cette aventure qui consiste à parler de ma place de psychanalyste de ces problèmes, il me faut d’abord avancer quelques définitions qui serviront de base à mon propos.

Introduction

Envoûtement : mot dérivé du latin « vultus », qui signifie visage, effigie, figure, désigne un ensemble de techniques dont le but est d’infliger à une figure de cire des traitements sauvages (piqûres, coups, etc ...) qui, par effet de déplacement, atteindront la personne représentée par cette effigie. Par extension, être envoûté signifie se trouver sous l’emprise de l’autre, soit de façon positive (emprise d’amour) soit de façon négative (emprise de haine).

L’envoûtement, consistant donc à faire des maléfices, fait appel à des forces surnaturelles ou naturelles, mais de toutes façons inaccessibles à qui n’a pas ce pouvoir.

Magie : ensemble de techniques destinées également à produire des effets sur les choses et les êtres. La magie blanche renvoyant à l’utilisation de phénomènes en accord avec les lois de la nature et dans un but positif, d’harmonie, alors que la magie noire vise, à travers l’utilisation, le recours à des forces obscures, occultes, diaboliques à la dysharmonie et à la nuisance.

Sorcellerie : Actions d’une personne, capable, du fait de sa relation avec le diable, et à l’aide de sorts, de maléfices, d’agir négativement sur un être, un animal.

La magie, la sorcellerie, constituent donc un ensemble de techniques codifiées visant à assujettir l’autre (ou à le détruire), par des forces, des puissances hostiles, supposées occultes : le sujet est alors possédé, envoûté.

Je me propose donc, à la lumière de ces définitions, de parler d’envoûtement, dans la mesure où l’état d’envoûté est le résultat de ces techniques dites de sorcellerie et de magie. La question de savoir si, dans ces processus, des entités démoniaques existent, si elles peuvent être sollicitées, sort du champ de mes préoccupations. Je m’attacherai ici et pour l’essentiel à dresser une sorte de tableau psychopathologique, c’est-à-dire un inventaire, une description et une tentative d’explication des mouvements d’âme habitant la psyché des envoûtés, et incidemment des envoûteurs.

L’envoûtement existe-t-il ? Répondre à cette question implique de prendre parti par rapport à une question très épineuse qui est celle de l’efficience de la pensée magique. Or on sait qu’une telle croyance (en l’action directe de la pensée sur la réalité matérielle ou somato-psychique de l’autre) sous-tend un fantasme inhérent à la psychose (c’est-à-dire à des problématiques psychologiques où les notions même d’intériorité ou d’extériorité sont très mal définies).

Y répondre par l’affirmative me met en porte-à-faux par rapport aux règles de base des psychothérapies des psychoses et d’un certain nombre d’autres problématiques : à savoir qu’il existe un monde intérieur et un monde extérieur séparés, et que l’efficience de la pensée magique, propre à la pensée animiste et à la psychose est une croyance qui doit pouvoir être dépassée pour structurer sa vie psychique.

Mais y répondre par la négative me met également en porte-à-faux par rapport à ce qu’il m’est donné de vivre et d’observer dans de nombreuses situations cliniques. Et d’autant, que la confrontation à ces mouvements intérieurs nous situe dans un autre registre que celui de la croyance, qui a peu ou rien à voir avec le champ psychotérapique.

Deux plans doivent donc être précisés d’emblée (pour sortir de ce paradoxe) : celui de la croyance qui doit parfois être dépassée pour avancer et celui de certains aspects de la réalité psychique, inter relationnelle, existentielle. Ma position est fonction des différents cas de figure présentés : parfois l’envoûtement n’est qu’allégation ; que cette allégation soit délirante ou pas. Parfois l’envoûtement correspond bel et bien à une réalité qui est celle d’une véritable emprise psychique, avec des effets troublants au niveau de la réalité matérielle ou vécue par le sujet. Dans tous les cas, je suis beaucoup plus attachée dans ma pratique à décoder, percevoir et mettre à jour les effets de sens de ces phénomènes et symptômes, plutôt qu’à enquêter sur leur réalité objective.

Mais il n’est pas toujours facile de distinguer clairement les deux plans dans ce domaine où se mêlent parfois (et même souvent) ce qui est de l’ordre de la subjectivité et ce qui est de l’ordre de l’objectivité.

Quatre protagonistes sont en fait à considérer dans un scénario d’envoûtement : le sujet faisant appel à l’envoûteur, l’envoûteur, l’envoûté et le désenvoûteur.

Pour des raisons de commodité rédactionnelle et aussi parce que ce terme recouvre une certaine réalité, je désignerai la personne ayant recours aux pratiques d’un envoûteur : le persécuteur ou l’envoûteur et garderai par ailleurs le terme d’envoûté pour distinguer la personne victime ou supposée telle.

Dans un scénario d’envoûtement, l’envoûteur apparaît comme une sorte de prestataire de service, celui qui va proposer ses techniques codifiées, pour mettre en forme et en oeuvre la haine de celui qui fait appel à lui, à travers des forces occultes avec lesquelles il est le seul à pouvoir entrer en relation, pour les rendre plus efficientes.

Les persécuteurs consultent rarement les psychanalystes ou les psychothérapeutes, encore moins les psychiatres, aussi nous n’avons que peu de choses à en dire. Il en va de même pour les rituels de sorcellerie, les jetages de sort. Je renvoie donc le lecteur à l’abondante littérature sur le sujet.

Je centrerai donc mon propos sur les mouvements intérieurs sous-tendant le vécu de l’envoûté. Nous ne ferons que de brèves allusions au persécuteur ou envoûteur.

L’ENVOÛTÉ : de la quête du persécuteur au persécuteur réel

La psychiatrie a pu décrire des problématiques de persécution où la thématique d’envoûtement est au centre des revendications et souffrances de ces patients. Et ceci dans des contextes les plus divers, syndrome d’influence, délire paranoïaque systématisé, sensitivité, jusqu’à des problématiques non psychiatriques dans lesquelles les interprétations sorcellaires du sujet ne s’inscrivent pas a priori dans un contexte délirant ou psychotique. De la psychose à la normalité, une sorte de continuum peut être ici envisagé autour de ce thème.

On pourrait penser que les allégations d’envoûtement survenant dans des contextes psychiatriques tel le syndrome d’influence sont de pures projections persécutives sur l’entourage.

Rappelons que, dans ce syndrome, le sujet peut avoir véritablement l’impression d’être possédé, manipulé, on lit sa pensée, on lui envoie des ondes, on l’injurie à l’intérieur de sa tête. Et bien sûr le voisinage immédiat de l’intéressé est le plus souvent impliqué dans ses accusations.

Curieusement, lorsque ces sujets déménagent, la symptomatologie disparaît... au moins pour un temps. Comment le comprendre ? Le mécanisme est simple : fort de ses sentiments persécutifs, le persécuté regarde ses voisins avec suspicion. Cette suspicion n’est pas faite pour susciter de la sympathie, on cesse alors de le saluer. L’attitude des voisins, purement réactionnelle au début devient progressivement de plus en plus hostile et réellement hostile, venant secondairement donner raison et déployer le sentiment de persécution et d’influence. Le ou les voisins incarnent ainsi et dans la réalité un statut de mauvais objet, qu’ils n’avaient au début que dans l’imaginaire de celui qui est en butte à un tel syndrome.

Cependant, quelle que soit la réalité de l’existence ou de la non existence du persécuteur et des pratiques d’envoûtement, il faut ici pointer une sorte de facilité de l’esprit à laquelle cède un très grand nombre de personnes ; une grande majorité en fait. Plutôt que de reconnaître l’origine de ses difficultés à vivre, dans son histoire, dans ses aménagements, dans son monde imaginaire, dans son intériorité, beaucoup vont préférer en concevoir la cause dans le monde extérieur : la société dans son ensemble, ou une personne particulière qui va prendre le statut d’objet persécuteur, et pourquoi pas d’envoûteur. Solution beaucoup plus économique pour la psyché que l’affrontement de ses démons intérieurs.

Cet affrontement auquel consentent ceux qui s’engagent dans un authentique travail psychothérapique, ou plus simplement ceux qui acceptent de prendre en compte leur monde intérieur, est une disposition inacceptable pour beaucoup :

En raison du coût psychique que cela représente (changer, se remettre en cause),

En raison de l’ensemble des mécanismes défensifs s’y opposant.

Plusieurs cas de figure peuvent être rencontrés :

A - Lorsqu’un événement fâcheux et répété surgit brusquement au point de perturber profondément la vie d’un sujet, et a fortiori lorsque ces événements sont accompagnés de phénomènes paranormaux parfois spectaculaires (voir à ce sujet « Parapsychologie et psychanalyse ») l’allégation de sort jeté est le plus souvent mise en avant dans une tentative de donner un sens aux événements, en projetant dans le monde extérieur l’origine et la cause de ce malheur. Le désenvoûteur, l’exorciste est souvent sollicité, et quelquefois ces consultations, destinées à préserver le sujet du sort supposé, vont avoir un effet de soulagement jusqu’au prochain épisode. Aucune pensée, si ce n’est celle de l’action magique, n’entre en jeu dans de telles situations. Le désenvoûteur possède là une fonction de régulation sociale non négligeable tant que son attitude ne contribue pas à renforcer la persécution en prenant le parti de son client et a fortiori en désignant le coupable.

Certains de ces praticiens peuvent accueillir leurs consultants avec beaucoup de tact et d’à propos.

D’autres, malheureusement, vont user et abuser de la situation en renforçant la croyance et l’interprétation persécutive et proposer des rituels d’exorcisme « bidons », ruineux et inefficaces.

B - Autre contexte, celui des personnes pressentant l’origine interne de leurs difficultés à vivre ou leur propre participation aux événements douloureux pouvant prendre sens par rapport à leur histoire. Cependant, pour des raisons défensives diverses, elles vont s’interdire tout travail, toute réflexion. La psyché et alors partagée entre le souci d’éviter cet affrontement douloureux à soi-même, et la nécessité d’expliquer « rationnellement » ce qui se passe. Explications « rationnelles » par l’irrationnel de ces souffrances répétées. Ainsi se constitue un objet persécuteur extérieur à soi, à l’égard duquel, un certain sens, une certaine explication pourra émerger. Bien entendu, la personne ou l’objet, l’entité désignée aura toujours un sens particulier qui résonnera avec la problématique, l’histoire du sujet.

Ces personnes qui peuvent venir consulter en psychothérapie ont des aménagements tels que leur scénario d’envoûtement est très rarement remis en question. Au demeurant, la demande psychothérapique se résume souvent à une demande d’intervention magique.

Tout se passe comme si, en consultant une psychanalyste, pouvant entendre parler de sorcellerie, les deux parties de la psyché du consultant y trouvaient leur compte : celle qui pressent une participation de lui-même, et la partie s’y refusant au profit de la projection et de la désignation du mauvais objet à l’extérieur.

C - Il est une autre catégorie de personnes qui demanderont une aide psychothérapique alors même qu’elles se diront envoûtées ... Dans ces situations également, l’allégation d’envoûtement s’inscrit dans une situation complexe où des phénomènes d’influence et de manipulation réelles de la psyché du sujet par une personne ou un groupe, existent bel et bien.

Il arrive que ces personnes assujetties à une autre ou à un groupe, développent, dans la période où elles voudraient prendre quelque distance à leur égard, un imaginaire persécutif au sein duquel les thèmes d’envoûtement, de possession se retrouvent au centre de leurs plaintes. Il est souvent difficile dans ces situations de démêler le vrai du faux, de la supposée efficience de pratiques d’envoûtement et les difficultés personnelles souvent renforcées par le fait que dans cette même période, le sujet est amené à réaliser tout un travail de deuil à l’égard de la personne ou du groupe qu’il doit quitter.

Le deuil, processus inconscient, long et difficile, est émaillé de mouvements d’allers retours entre acceptation et déni de la séparation au cours desquels l’objet perdu oscille entre un statut de bon et de mauvais objet. On comprend que faire appel à des pratiques de sorcellerie de la part de la personne ou du groupe quittés puisse aller tout à fait dans le sens de ces mouvements à l’égard du deuil.

Tout ceci n’exclut évidemment pas la réalité de manoeuvres d’envoûtement destinées à établir une relation d’emprise, pouvant s’accompagner ou pas de phénomènes paranormaux chez l’envoûté voire même de situations catastrophiques tout à fait réelles.

ENVIE et EMPRISE : ou Comment envoûter sans être envoûteur

Si l’attention du public est en général portée sur les techniques d’envoûtement (figurines de cire, aiguilles, coeur de boeuf, etc ...), très peu de choses ont été dites sur l’état d’esprit des personnes qui vont consulter un envoûteur ou recourir elles-mêmes à des manoeuvres, ou encore, qui vont, simplement par les mouvements psychiques qui les habitent, provoquer une action négative sur la réalité psychique d’autrui. Ainsi s’articulent deux mécanismes décrits en psychanalyse, l’envie et l’emprise[16], et leur correspondance sur le plan clinique, l’envoûtement, du moins tel que je l’entends.

Envie :

Mouvement psychique décrit Mélanie Klein, chez le petit enfant, caractérisant la relation au sein maternel qui se dérobe ou se révèle impuissant à combler son désir de sein omnipotent et comblant.

Cette envie (à l’égard du sein) s’accompagne d’un mouvement intérieur de destruction. C’est un sentiment douloureux qui amène le bébé à vouloir détruire la source de cette douleur. « Détruire ce sein que je ne peux avoir ».

Ces mouvements se retrouvent avec une grande intensité chez nombre de sujets adultes, et ce d’autant plus que la constitution d’un bon objet interne a été précaire. Ce sentiment d’envie est à différencier de la jalousie. Cette dernière se réfère à la possession, à l’objectal (relation à l’autre) alors que l’envie se réfère à la qualité de l’autre, à son être ; elle est du domaine du narcissisme (de la relation à soi). Elle renvoie à des niveaux plus archaïques de la vie psychique et mobilise de ce fait des énergies beaucoup plus importantes. Tout semble se passer comme si cette massive mobilisation d’énergie psychique (envieuse ») agissait dans la réalité psychique et matérielle de celui ou de celle qui les suscite. De la même manière qu’on parle d’envoûtement de haine ou d’amour, on peut parler d’envie haineuse ou amoureuse (une même explication peut être envisagée pour le « mauvais oeil »).

Emprise :

Ce terme qui, en langage juridique, désignait l’atteinte portée à la propriété privée par un acte administratif illégal, désigne, en psychanalyse, un mouvement psychique par lequel un sujet peut, par une sorte de violence, prendre possession de la psyché d’autrui, sans que ce dernier le sache consciemment et donc à son détriment.

L’emprise, la relation d’emprise est observée dans de nombreux contextes, notamment dans toutes les manipulations mentales, les stratégies de séduction, le fonctionnement sectaire.

A minima l’emprise peut faire partie de toute situation de rencontre. Quoi de plus naturel que de vouloir séduire l’autre ?

Il n’en est plus de même lorsque la relation d’emprise permet d’asservir la psyché, l’être de l’autre, ses ressources psychiques voire matérielles, à sa propre psyché, à ses propres intérêts.

Sur un plan plus inconscient, la relation d’emprise permet à celui qui l’instaure et bien entendu à celui qui en est la victime, de ne faire plus qu’un avec l’autre, de n’avoir d’existence que dans une sorte de totalité, d’indifférenciation par rapport à soi. Il s’agit donc de faire en sorte que le désir de l’autre (l’envoûté ou l’« emprisé ») soit tout entier orienté vers soi et d’annihiler toute velléité d’une orientation autre, notamment celle visant à une réalisation personnelle.

La relation d’emprise ne s’instaure pas d’emblée. Dans un premier temps, le sujet, fasciné par son interlocuteur, va établir un type de relation où sont réactivées des positions très infantiles, au sein desquelles une relative indifférenciation psychique à l’autre s’établit, et à travers laquelle il aura le sentiment d’être pleinement compris et comblé. Dans un second temps et à la faveur de ce lien renvoyant aux premiers âges de la vie, l’emprise proprement dite s’installe, avec tout ce que cela comporte d’abus de la part de l’« empriseur » : aliénation de la liberté de l’autre, anéantissement de son désir, inhibition de ses facultés de jugement, etc...

On le voit, les réalités cliniques, vécues sont d’une extrême variabilité, diversité, complexité. Qu’il s’agisse d’une envie destructrice, d’un envoûtement ritualisé, le résultat, à savoir le vécu et les phénomènes paranormaux qui accompagnent très souvent ces états, peuvent sans doute être considérés comme une véritable co-production de l’envoûteur (réel) ou de l’envoûteur incorporé par l’envoûté. Ces phénomènes si pénibles à vivre sur un plan conscient n’en répondent pas moins, et dans de nombreux cas, à une nécessité psychique. Nécessité de définir un objet persécutif extérieur, aménagement à l’égard du deuil, dépit amoureux, etc...

PSYCHOTHÉRAPIE DE L’ENVOÛTÉ

La clinique psychanalytique nous a habitués à considérer qu’il n’existe pas, qu’il ne saurait exister de persécuteur sans persécuté, sans une propension inconsciente, secrète à endosser ce statut. La dialectique de l’envoûteur et de l’envoûté peut tout à fait répondre à de telles dispositions.

Cependant, et très souvent, l’importance des manifestations est telle qu’elle ne souffre, de la part du patient, aucune discussion quant à la réalité et à l’origine de ses souffrances. Force donc, dans la thérapie, de prendre en compte avec lui la réalité de ces manifestations, mais plus encore de prendre cette réalité comme faisant partie du contexte, avant que d’en venir progressivement à des niveaux et à des questions plus essentielles : « Qu’est-ce qui en moi est à l’origine de ces phénomènes, de cette relation d’emprise ? Qu’est-ce qui en moi a pu ou peut prêter le flan à de telles attaques ? » Que ces attaques, encore une fois, soient référées à de l’humain ou à du non humain.

L’expérience nous montre qu’à partir du moment où le sens secret, caché, inconscient peut émerger, être accepté, les manifestations cessent, ou n’ont plus leur caractère angoissant, persécutif. On assiste soit à une disparition des manifestations, soit à des réaménagements importants.

Le rôle du thérapeute, son intégrité, son souci de ne pas imposer ses croyances, mais d’accueillir pleinement le discours de son patient, sera le préalable à tout accompagnement. Dans un temps ultérieur, cet accompagnement donnera lieu à tout un travail d’élaboration, de réflexion, d’émergence de sens autour de la problématique et des aménagements inconscients du sujet. A partir de là, l’envoûtement, quelle que soit la forme de cet envoûtement, disparaît - le charme est rompu.

Comment un travail, un processus psychothérapique peut-il interférer, contrer un envoûtement ? Question centrale, complexe à laquelle il ne peut être apporté ici aucune réponse exhaustive.

Mais nous pouvons envisager quelques hypothèses.

La pratique psychothérapique nous apprend que si une parole, un acte réel ou supposé entraîne chez une personne le sentiment d’être envoûtée, on peut invoquer l’existence chez elle de certains aspects « fragiles », problématiques, aspects qui peuvent renvoyer à des sentiments de honte, de culpabilité, d’insécurité, à une quête d’un groupe, d’un maître idéal destiné à prendre en charge ces aspects fragiles, à les assumer, etc... Ces aspects sont autant de points d’appel à des « empriseurs », par le biais de ce qu’on appelle en psychanalyse « l’agir psychique ». La thérapie, en tant qu’invite au dépassement de ces positions, va remanier profondément les composantes psychologiques et affectives sur lesquelles la relation d’emprise peut s’exercer.

Mais il est d’autres aspects de ce travail que je ne peux qu’évoquer ici :

l’accès à la pensabilité d’un vécu persécutif

la restructuration symbolique,

les efflorescences de l’imaginaire.

L’étymologie de deux termes nous donne beaucoup à réfléchir dans le même temps où elle peut éclairer les termes psychanalytiques évoqués ci-dessus :

Lorsqu’on parle d’envoûtement, le diable et le diabolique ne sont pas loin.

Diabolique, qui signifie jeter séparément (du grec, dia séparer et ballo lancer), renvoie donc, par extension, à l’idée de désunion, de perte de cohérence, de perte d’unité, d’égarement du sens, et de chemin (le sien) perdu.

A l’opposé, symbolique qui signifie jeter ensemble ou rassembler (du grec sun, ensemble et ballo, lancer) renvoie donc à l’idée de restauration d’une unité, de cohérence, de sens et de chemin retrouvés.

On comprend mieux l’antagonisme des positions de l’envoûteur et du psychothérapeute (de l’exorciste ou du guérisseur selon le cas), chacun contribuant dans une perspective inverse, à mettre en oeuvre l’une des forces occultes de désunion, de perte du sens et donc de folie, l’autre des forces d’union de quête et rencontre du sens et donc de désaliénation.

Le diabolique, mis en action par la parole et par l’acte, peut être délié par la parole, psychothérapique, ou d’exorcisme pour certains cas.

Ceci pour ce qui concerne l’envoûté, celui qui allègue l’envoûtement (ou qui va prendre ce statut).

Quant à l’envoûteur, celui qui prend une part active dans ce processus de persécution, différentes attitudes et états d’esprit sont à envisager. Du désir conscient et volontaire de nuire, en fonction de la haine consciente ressentie pour l’autre, jusqu’à des dispositions internes parfois totalement inconscientes qui renvoient à ce que j’ai décrit sous les noms d’emprise et d’envie.

Une sorte de continuum existe donc entre haine consciente avec recours à des techniques d’envoûtement et attitude d’emprise partiellement ou totalement inconscientes.

L’envoûtement étant ainsi, comme j’ai tenté de le montrer, une co-création du couple envoûté/envoûteur, ou persécuté/persécuteur.

L’entrée dans ce processus de l’envoûtement, avec les protagonistes décrits, se révèle, en fait, d’une complexité inouïe dont je n’ai pu donner ici qu’un bref aperçu.

BIBLIOGRAPHIE

« L’influence qui guérit », Tobie Nathan, éditions Odile Jacob

« Médecins et sorciers », Tobie Nathan, éd. Les empêcheurs de tourner en rond

« La mort, les mots, les sorts », FAVRET-SAADA, J., 1977 Paris, Ed. Gallimard

« Techniques de l’envoûtement », HUTIN, S. 1987, Paris, Ed. Belfond

« Envie et gratitude », KLEIN, M. 1968, Paris, Ed. Gallimard

« L’influence qui guérit », NATHAN, T, Paris, Ed. Odile Jacob

« Médecins et Sorciers », NATHAN, T, 1995, Paris Ed. Les empêcheurs de tourner en rond

« Nouvelle Revue de Psychanalyse », n° 24, 1981, l’Emprise, Ed. Gallimard

« Parapsychologie et Psychanalyse », SI AHMED, D. 1990, Ed. Dunod
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